dimanche 30 mars 2014

Du côté de Fontainebleau et Barbizon

En Seine-et-Marne, à environ 60 kilomètres de Paris, s'élève le château de Fontainebleau, en plein cœur de la ville du même nom et dans lequel se sont succédé rois et reines durant huit siècles. De passage par là-bas, nous avons pu admirer ce très beau monument classé au patrimoine mondial de l'Unesco, et son superbe parc, à la fois jardin à la française et jardin à l'anglaise.




Le château étant fermé le mardi, nous avons continué notre balade un peu plus loin, à Barbizon, village connu pour avoir accueilli un certain nombre de peintres paysagistes, entre 1830 et 1870 et qui a donné son nom à l’École de Barbizon.
 Il existe un "parcours des peintres" (pratique : l'audioguide est téléchargeable sur téléphone) qui nous emmène d'abord dans le village à la découverte des maisons qui ont accueilli des artistes (Théodore Rousseau, Jean-François Millet...) et ensuite dans la forêt de Fontainebleau à la recherche des lieux, roches et arbres qui ont inspiré les peintres. La promenade est facile et idéale par beau temps !



Une des très belles maisons du village
Oui ça ressemble bien à un éléphant !

La forêt et ses étranges amas rocheux

On y croise parfois des chênes centenaires



jeudi 27 mars 2014

L'invention de nos vies / Karine Tuil

Samuel, Samir et Nina sont amis et étudiants à la fac de droit à Paris. Samuel et Nina sont en couple, mais, alors que Samuel se rend aux funérailles de ses parents morts dans un accident de voiture, Nina et Samir tombent amoureux. Au retour de Samuel, c'est le drame : il se taille les veines en plein amphi, et Nina décide de rester avec lui par pitié. Vingt ans plus tard, Nina et Samuel sont toujours ensemble, Samuel a raté sa vie, coincé en banlieue sans avoir pu devenir l'écrivain qu'il souhaitait, et tout amour entre eux semble avoir disparu depuis longtemps. En regardant la télé, ils reconnaissent Samir, qui se fait appeler Sam Tahar et à qui tout réussit : grand et célèbre avocat au barreau de New-York, il s'est marié avec une riche héritière juive. Mais juif, il ne l'est pas du tout ! Samuel et Nina s'aperçoivent alors que Samir a repris à son compte des éléments de la vie de Samuel (la mort des ses parents, les origines juives...) sur lesquels toute sa réussite est basée. L'heure des retrouvailles a sonné...

Karine Tuil part du classique triangle amoureux, deux hommes et une femme, et brosse le portrait de trois êtres emprisonnés dans leur vie suite à leurs (mauvais) choix. Toute la vie de Samir repose sur un mensonge, qui le ronge et l'empêche d'être lui-même. Nina a choisi de rester avec Samuel, cédant au chantage qu'il lui imposait. Et Samuel a raté sa vocation d'écrivain et son métier d’éducateur social. La réunion des trois leur offre la possibilité de changer, de revenir sur leur passé : en retrouvant Nina, Samir peut enfin être lui-même tandis qu'elle se libère de l'emprise malsaine de Samuel, et Samuel puise dans son désespoir pour écrire le livre tant attendu. Mais, tout est loin d'être idyllique et le passé les rattrape : la vie que Samir s'est construite est menacée, Nina passe d'une prison à une autre, certes dorée, et Samuel devient victime de son succès. Si l'ascension peut être lente, la chute et les désillusions sont toujours rapides et brutales !

Karine Tuil pose les questions suivantes : peut-on revenir sur son passé et sur les choix qu'on a faits ? Peut-on construire toute sa vie sur un mensonge ? Son écriture est parfois déchainée : elle accumule les mots séparés par des slash, ce qui saccade la lecture et donne un rythme rapide au roman, et construit aussi des phrases très longues, qui en disent beaucoup sur le déferlement des pensées des personnages. Elle malmène ses personnages, ne leur épargnant aucun défaut, aucune épreuve. Le tout donne un roman prenant dont on lit très rapidement les quelques cinq cent pages, même si certaines situations sont tirées par les cheveux, un roman qui interroge les questions de l'identité et des origines.

Ce que j'ai adoré : Karine Tuil rajoute des notes de bas de pages pleines d'humour pour des personnages qui apparaissent dans le roman, personnages secondaires, croisés une seule fois, pour lesquels elle résume la vie en quelques mots.
Par exemple :
"Après avoir étudié les sciences politiques, Ethan Weinstein était devenu sénateur démocrate pour "emmerder" son père."
"Linda Delon, 28 ans, s'appelait en réalité Linda Lamort. Avait modifié son nom pour changer son destin."
Ma préférée : "Cette femme, c'est Maria Milosz, et sa vie mérite plus qu'une note de bas de page."

Lu dans le cadre du Prix Océans.

samedi 22 mars 2014

G229 de Jean-Philippe Blondel

G229, c'est le nom de la salle de classe occupée depuis des années, par Monsieur B., professeur d'anglais dans un lycée. Jean-Philippe Blondel ne propose pas vraiment ici un roman, mais plutôt une succession de petites histoires, d'anecdotes, de chroniques d'un professeur à notre époque. Des récits à la fois drôles et touchants sur tout ce qui touche de près ou de loin un enseignant : les inspections, les grèves et manifestations, les programmes, les voyages scolaires, les corrections de copie, les devoirs surveillés, les réunions parents/profs, le bac, les rentrées, les fins d'années... Le tout est écrit parfois de façon personnelle, parfois avec le pronom "on", car par l'intermédiaire de l'histoire d'un prof en particulier, c'est toute une vision du métier d'enseignant que Jean-Philippe Blondel nous montre.

Bien sûr, ce sont surtout les élèves qui occupent le devant de la scène : on y voit leurs premières histoires d'amour, leurs amitiés, leurs coups de gueule, leurs coups d'éclat et les relations qu'ils développent avec leur prof. G229 est un roman très touchant et sensible car on y voit l'attachement du professeur envers ses élèves, et vice-versa. Blondel parsème son roman de messages d'élèves qui, des années après, contactent leur prof via les réseaux sociaux pour lui donner des nouvelles et le remercier. Si les élèves grandissent, passent leur bac, travaillent, se marient, font des enfants etc., le prof lui ne bouge pas, reste dans la même ville, le même collège, dans la même salle, année après année. Il en voit défiler des générations d'élèves ! Tous différents mais à la fois si semblables, qu'il reconnait d'anciens élèves dans les nouveaux. Il enseigne aux petits frères et les petites sœurs d'anciens élèves, et puis un jour, il enseigne même à leurs enfants.

C'est ce qu'il y a de terriblement mélancolique dans ce livre : le professeur qui se voit vieillir. Car les élèves lui balancent leur jeunesse en pleine tête chaque jour, il se sent parfois dépassé, a l'impression de ne pas avancer, d'enseigner toujours la même chose. Chaque année, les élèves avec qui il a partagé la majeure partie de son année, s'en vont ailleurs, et chaque année il se sent délaissé.

"Je pense à toutes ces générations d'élèves qu'on suit, qu'on épaule, qu'on engueule. Avec lesquels on rit, contre lesquels on s'énerve. Et puis qui partent. Être prof, c'est être quitté tous les ans, et faire avec. Je pense à ma fille aînée, je sais qu'elle va passer par là, elle aussi, les amis, les soirées, les discussions à bâtons rompus, les blagues hermétiques aux autres, les surnoms, la musique, elle sera bientôt dans ce lycée parce que son collège en dépend, j'aurai cinquante ans, puis quand ce sera le tour de la cadette, j'aurai cinquante-cinq ans, les couches de temps se superposent et m'ébranlent."

Ce livre est une pépite qui m'a beaucoup touchée, et il n'y a qu'un prof pour parler aussi bien de son métier : Jean-Philippe Blondel est enseignant d'anglais dans un lycée, c'est un peu le prof qu'on a tous rêvé d'avoir.

Ce livre m'a été offert par @Dingotte lors du dernier swap et je la remercie énormément pour cette très belle lecture !

jeudi 20 mars 2014

Ballade d'un amour inachevé de Louis-Philippe Dalembert

Azaka est un "extracom", un étranger venu s'installer il y a déjà plusieurs années dans un petit village des Abruzzes en Italie. Il y a rencontré Mariagrazia avec laquelle il s'est marié et qui attend aujourd'hui un bébé. Ce couple mixte, qui a longtemps fait jaser, s'est peu à peu fait accepter - ou presque - par la famille de Mariagrazia et la communauté du village. Lorsqu'un terrible séisme vient détruire leur vie, Azaka voit remonter en lui des souvenirs d'enfance, celui d'un autre tremblement de terre, dans son pays natal, qui lui avait déjà pris des êtres chers.

Louis-Philippe Dalembert évoque le séisme de L'Aquila qui a eu lieu en avril 2009, sur lequel il superpose une belle histoire d'amour, celle d'un couple mixte qui s'aime en dépit des traditions familiales et des jugements que l'on pose sur eux. En effet, Azaka aime passionnément Mariagrazia, une femme indépendante, qui a toujours voulu s'émanciper du carcan familial, mais aussi une femme têtue et qui démarre au quart de tour. Leur histoire est touchante, bien que parfois convenue. Mais la mixité est peut-être aussi un prétexte à l'évocation d'un pays en crise, où les tensions raciales et les extrémismes se développent et où les problèmes sociaux sont souvent rejetés sur le dos des immigrés. Surtout dans un petit village, où les traditions et la religion occupent une place importante. Mais Azaka s'adapte à cette mentalité, jusqu'à être accepté au sein de la communauté.

Dès le début, et je dirai même dès le titre, on comprend que la fin est tragique. L'histoire est racontée avec des allers-retours entre le moment présent peu de temps après le séisme, et le passé, celui d'Azaka enfant, celui de l'histoire d'Azaka et Mariagrazia et enfin celui du séisme lui-même. L'auteur réussit à maintenir l'intérêt du lecteur pour une histoire dont on connait la fin, même si on espère se tromper. Les descriptions des deux séismes parviennent à faire ressentir la tension des personnages, et la fin, terrible, est un coup de poing dans le ventre du lecteur.

Une très belle découverte lue dans le cadre du Prix Océans.

vendredi 14 mars 2014

Le swap littéraire "De ma plume à vos oreilles"

Il y a quelque temps, Criteïne du blog De ma plume à vos oreilles, a décidé d'organiser un swap littéraire, et j'y ai participé avec grand plaisir. Un swap, c'est un échange de colis entre deux personnes qui ne se connaissent pas (généralement), l'occasion de faire connaissance en se faisant des cadeaux. Alors forcément, moi je dis oui tout de suite !

Les critères du swap étaient très simples :
- 1 livre du correspondant aux goûts du binôme
- 1 livre que l'on a envie de conseiller à notre binôme
- 1 surprise

Le tout ne devant pas excéder 30 euros.

Le tirage au sort effectué, j'ai découvert ma binôme, Dingotte, qui n'a pas de blog mais un compte twitter sur lequel elle partage régulièrement ses coups de cœur littéraires et twette sur le monde des bibliothèques.

Ce billet est l'occasion de remercier Critéïne pour l'organisation du swap et de publier les photos des deux colis envoyés/reçus par Dingotte et moi.

Le colis reçu par Dingotte :



Le petit mot de Dingotte :

Que d'émotion pour ma participation à ce 1er swap, mais quelle belle surprise quand j'ai reçu ce colis avec 2 livres à découvrir : Ouragan de Laurent Gaudé + Que font les rennes après Noël d'Olivia Rosenthal + un joli carnet, de l'encens, du chocolat, un joli marque page et une petite carte rose avec une citation d' Oscar Wilde.
Alors un grand merci a @dmpavo d'avoir accepté ma participation à ce swap même si je ne n'ai pas de blog,  et pour l'organisation bien sûr.
Merci aussi a ma binôme d'accepter de publier ce petit mot.
J'en profite pour faire une spéciale dédicace à toutes les blogueuses de ci, de là qui prennent le temps d'animer la blogosphère et les réseaux sociaux. Je me régale à vous lire et je ne suis pas la seule.....
@dingotte


Le super colis que j'ai reçu de la part de Dingotte :
Mais que se cache-t-il derrière toutes ces plumes ?

Waou tout ça !!

Alors en détails ça donne :

- Côté livres : G229 de Jean-Philippe Blondel, un de ses auteurs préférés, et Le cœur régulier d'Olivier Adam parce que ça se passe au Japon ! Très, très bon choix ! Parce que j'avais beaucoup aimé Et rester vivant de Blondel, et j'aime aussi Olivier Adam et je suis très contente que le roman se passe dans ce pays qui me fait rêver.

- Côté gourmandises : des chocolats aux pétales cristallisés de violettes et de roses (un régal qui n'a pas duré bien longtemps) et du café du Brésil ! 

- Côté surprises : j'ai été très gâtée aussi ! Avec des marques-pages magnétiques très jolis, une lime à ongles super rigolote en forme de tête de mort décorée qui est allée directement dans mon sac (au moins celle-là je ne la chercherai pas tout au fond du sac) et des gants rouges, ma couleur préférée, et on peut utiliser son smartphone avec (j'en cherchais en plus !!).

Le tout était emballé dans du joli papier de soie et accompagné de plein de plumes qui ont fait la joie de ma chatte Myrtille ! Et bien sûr, une très belle carte avec un gentil mot de Dingotte.

Alors un grand grand merci à Dingotte pour ce superbe colis qui m'a vraiment faite plaisir et qui me correspond tout à fait, bravo !
Et bien sûr merci à Critéïne pour l'organisation du swap !


mercredi 5 mars 2014

Impossible de grandir / Fatou Diome

Salie, originaire de la petite ville de Niodor au Sénégal, vit aujourd’hui  à Strasbourg. Lorsque son amie Marie-Odile l’invite à fêter un anniversaire chez elle en famille, Salie panique. En effet, « papa, maman, la famille », elle ne connaît pas. Elle est une enfant « illégitime » et toute son enfance, elle a été rejetée, brimée et maltraitée par une famille qui ne l’acceptait pas. Seuls ses grands-parents l’ont recueillie, aimée et choyée, et l’ont aidée à devenir la femme indépendante et écrivain qu’elle l’est aujourd’hui. Mais, l’approche du dîner en famille la tétanise et ses vieux démons, ses souvenirs reviennent la hanter, en la personne de « la Petite », avec qui elle engage un long combat. 

Avec ce roman, Fatou Diome évoque des thèmes forts : le rôle des femmes dans les traditions ancestrales du Sénégal, la nouvelle religion qui vient marcher sur les plates-bandes des anciennes religions, l’intolérance, la violence faite aux enfants, l’intégration, la question des enfants nés hors mariage…  À travers les souvenirs de son personnage, c’est tout un pan de la société sénégalaise que nous explorons. Ce sont d’ailleurs les épisodes de l’enfance de Salie que j’ai le plus appréciés dans ce roman : la plume de Fatou Diome est belle, poétique et elle parvient parfaitement à rendre compte des émotions, des sentiments d’un enfant. Le message délivré par le roman est puissant : s’accepter soi-même, accepter son passé et grandir. 

Grandir, devenir adulte, considéra la Petite, c'est ne plus courir à la recherche d'un bosquet où se tapir. Devenir adulte, c'est, au lieu de s'enfuir en permanence, oser se retourner et, enfin, faire face au loup.
J'étais absolument d'accord avec elle et j'allais enfin tout affronter, les loups, mais aussi cette naissance qu'on me reproche, alors que je n'y suis pour rien. Allons-y !

Malheureusement, Fatou Diome entrecoupe son texte de longs passages proches d’une psychanalyse, ou à teneur philosophique, qui m’ont quelque fois fait perdre le fil de la narration. Les 400 pages se concentrent sur quasiment une seule journée, dans laquelle Salie engage un dialogue avec « la Petite », entre dispute et réconciliation. C’est un roman très introspectif et l’auteur semble parfois oublier son lecteur. Ce roman m’a semblé souffrir de quelques longueurs, et aurait mérité d’être allégé. Malgré tout, ce roman est une belle découverte de la plume de Fatou Diome et m’a donné envie de lire son premier roman, Le ventre de l’Atlantique.

Lu dans le cadre du Prix Océans.