jeudi 9 février 2012

L'agrume de Valérie Mréjen

Voilà un petit livre bien sympathique et pétillant que j'ai dévoré dans le train. L'histoire est simple : la narratrice (Valérie Mréjen elle-même ?) est follement amoureuse de Bruno. Seulement voilà, il est déjà avec une autre femme et il n'est franchement pas disposé à changer cette situation qui lui convient très bien. Alors, notre narratrice accepte tout de Bruno : ses défauts, ses manies, ses mensonges, ses vacheries, ses retards, ses excuses, sa rivale... Elle est totalement aveugle et même naïve ! Et pourtant, on s'y attache et on se reconnait même un peu dans le personnage (par exemple, quand elle attend désespérément un coup de fil de son amant, et qu'elle a peur de sortir une heure de chez elle de peur de le rater). Évidemment, on prend rapidement en grippe Bruno (mais quand va-t-elle se décider à le quitter ??) même si on s'amuse en lisant les excuses farfelues qu'il invente et en découvrant peu à peu son portrait à travers les mots d'une amoureuse transie :

Une fois, il avait oublié un reste de couscous dans une cocotte minute avant de s'en aller trois jours. C'était moisi à son retour. Je me disais : comme il est attendrissant. Il a la tête ailleurs. Je trouvais les mouches drosophiles attendrissantes.

Valérie Mréjen a une écriture fluide et très agréable à lire. Le livre est composé d'une succession de paragraphes plus ou moins courts qui racontent tous un épisode ou une anecdote différents, sans forcément suivre un ordre chronologique, ce qui rend la lecture dynamique. J'ai adoré ce petit bouquin publié en 2001 aux éditions Allia et vous le recommande vivement. D'ailleurs, un autre de ses livres me fait de l'oeil : Mon grand-père.

Extrait :

La veille d'un jour passé, il m'avait dit qu'il m'appellerait. J'ai attendu. Je n'osais pas sortir. J'avais peur qu'il raccroche en trouvant le répondeur. Je suis restée chez moi, j'ai patienté non loin du téléphone en pleurant d'impatience. Il s'est mis à faire nuit. Je n'avais fait qu'attendre et espérer toute la journée. Peut-être était-il arrivé quelque chose ? (Je me disais cela pour ne pas l'accuser.) Je l'ai appelé vers neuf heures dix. Puis vers neuf heures et quart. Tout à coup, il venait de rentrer. Il m'a dit : on est allés voir une exposition au Jeu de Paume. Il parlait gentiment mais avec une voix ferme. Il m'a promis de rappeler plus tard.

Vous pouvez lire le début de L'Agrume sur le site des éditions Allia !

Sur l'auteur : Valérie Mréjen, née en 1969, est romancière, vidéaste et photographe.

4 commentaires:

  1. Effectivement l'extrait est bien choisi... ;-) on se reconnaît!

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  2. Bonjour Sév, merci de ton inscription au challenge Dragon 2012. Bon challenge !
    Ce livre, je l'ai déjà vu sur un autre blog récemment, mais c'est le genre de roman qui ne m'intéresse pas plus que ça.
    Bonne fin de semaine.

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  3. @ Hélène Choco : et il y en a plusieurs comme ça !

    @ Catherine : je fais un billet sur le challenge très bientôt :)

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  4. Bonjour,
    Mais comment comprenez-vous l'anecdote (p.8) sur l'autre valérie mréjen qui a réçu accidentalement son courrier et qui a remarqué qu'elle avait un ami du même nom? Est-ce un indice étaphorique à l'existence d'une autre femme en parallel? Pardon si je rate qqchose trop evident.

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